Cette autofiction suit les pas d’un antihéros dans la baie de San Francisco et l’Amérique des années 2000. Il n’est ni exemplaire, ni parfait, loin d'être consensuel et c’est bien pour ça qu'on a envie de le suivre. À l’instar de son auteur Brontez Purnell, notre protagoniste est noir, punk, précaire, gros, homosexuel, séropositif, addict à l'excès et tout ceci n'est pas un drame. Son humour dévastateur anéantit toute tentative de culpabilisation, décape les stigmas des vécus LGBTQI+, ruine toute forme de normalisation et atomise le raisonnable. Avec son parcours singulier, extrême, radical et queer, Brontez Purnell transforme le tragique en magique.
Traduit de l’américain par Alexandre Gaulmin.
Oakland West, banlieue de San Francisco et haut lieu de la contre-culture américaine. C’est ici que les Black Panthers sont nées et c’est là que l’on peut rencontrer notre auteur, Brontez Purnell. Les occasions sont nombreuses car c’est une homme occupé : auteur, danseur, chorégraphe, chanteur, musicien, ou encore performeur, la scène underground le connaît par cœur. Entre les concerts avec son groupe les Younger Lovers ou Gravy Train!!!, ses interviews de John Waters pour Interview Magazine, ses solo shows pour dans des galeries new-yorkaises, on pourrait s’y perdre mais Brontez Purnell creuse le même sillon, développe le même langage intellectuel et corporel qui tord le cou au conformisme, aux discriminations et aux clichés. Originaire d’Alabama, Il s’essaie à l’écriture avec Fag School son premier fanzine lorsqu’il est encore au lycée. Huit livres plus tard, c'est à la librairie historique City Lights Bookstore qu’on le retrouve non loin des idoles Allen Ginsberg, James Baldwin et Angela Davis. En 2018, le magazine du New York Times le fait figurer parmi les auteurs noirs les plus importants de notre époque et il remporte en 2022 le Lambda Literary Award de la fiction gay. Furieusement originale, malpolie, scandaleuse et hilarante, son écriture démonte avec beaucoup d’humour et d’esprit les traumas de la vie homosexuelle contemporaine.
À lire :
– Brontez Purnell : « J’avais l’impression qu’ils voulaient toujours que je ferme ma gueule », par Baptiste Thery-Guilbert
– Rencontre autour de Johnny, est-ce que tu m’aimerais si j’avais une plus grosse bite ?, par Julou Dublé, Manifesto XXI
– Brontez Purnell : noir, pédé, séropo et punk !, par Jean Jacob, Strobo Mag
– Portrait de Brontez Purnell, une voix dissidente, qui, outre une sexualité débordante, a le goût du paradoxe par Patrick Thevenin, Les Inrockuptibles Mensuel N°32 : Sexe 2024
– «Johnny est-ce que tu m’aimerais si j’avais une plus grosse bite ?», du cul à l’ouvrage par Florian Bardou, Libération
Photographies du livre : © Virginie Ribaut Studio