Si la vie du communard Eugène Vermersch ressemble à une suite d’échecs, c’est certainement la raison pour laquelle Thomas Dunoyer de Segonzac s’y intéresse. Il en dresse un portrait-poème, peu classique dans son genre. « C’est un poème anti-norme » se demande l’auteur lui-même sur la fin du texte. Thomas Dunoyer de Segonzac nous embarque dans sa quête d’une reconstitution de Vermersch, et de la Commune, avec quelques sorties de route. Le portrait physique de Vermersch lui sert de fil conducteur, ici le corps est moteur. Il nous balade dans un passé, cherche les traces encore présentes, voit les fantômes et nous embarque avec lui dans cet essai-poème-récit.
Peintre, activiste et musicien, Thomas Dunoyer de Segonzac ne craint pas la polyactivité. Parmi les mots-clé qui illustrent son parcours, listons le label qu’il anime (No Lagos Musique), les nombreux groupes auxquels il participe (Mamiedaragon, Bordigaga, Mouvelle, Le Gros, Bled, La Petite Paire des Peuples) ou les récompenses qu’il reçoit pour ses peintures (Novembre à Vitry - 2018).
Sous le nom de La banque de jeu de pharaon il joue des comptines minimalistes à base de voix (a capella, de-ci de-là), de samples, de boucles de K7, parfois de field recordings… ou pas. Symphonie minute goût Ferrari-poulet… nous dit-il… On en redemande !
Auteur régulier de critique musicale pour Audimat, Musique Journal, Revue et Corrigée.
Eugène Vermersch, né à Lille en 1845, était journaliste, pamphlétaire, poète, cofondateur du très extrémiste journal Le père Duchêne dont une soixantaine de numéros furent publiés pendant la Commune de Paris. Suite à la répression du gouvernement Thiers pendant la semaine sanglante, il partira se réfugier successivement en Belgique, en Hollande puis à Londres. Il y fonda le journal Qui vive !, dans lequel il publia Les Incendiaires, un grand poème apocalyptique sur la Commune de Paris.
Suite à l’échec de Qui vive ! il fonda plusieurs autres journaux éphémères, Vermersch, l'Union démocratique, et l'Avenir, qui furent tous abandonnés faute de moyens. Atteint de crises de démence paranoïaques, sans doute dues à la misère dans laquelle il vivait, il sera placé à l’asile où il mourra en 1878.
À lire :
– Vers Vermersch par Nathalie Quintane sur Sitaudis
– DES IDEES ET DES LUTTES: VERS VERMERSCH, par Francis Pian
À écouter :
– Luttes dans les livres, luttes pour les livres, www.radio-libertaire.org
Photographies du livre : © Virginie Ribaut Studio